La crise sanitaire actuelle induite par la pandémie COVID-19, dont il est difficile de prévoir la durée, impactera sans doute la capacité de remboursement des entreprises avec pour conséquence, la dégradation de la qualité des portefeuilles de crédits du secteur bancaire, déjà fortement plombé par les créances irrécouvrables.
Déjà, avant la crise du COVID-19, les créances douteuses représentaient 20-24 % du PIB ce qui faisait du système bancaire tunisien parmi les plus criblés de prêts non-performants au monde. La situation va empirer aujourd’hui vue que l’activité de la majorité des entreprises est fortement ralentie, voire à l’arrêt à cause du confinement, la crise sanitaire actuelle va faire naître une flambée des impayés sans précédent dans l’histoire de l’économie tunisienne.
Dans ce contexte, la mise en place d’une société de gestion des actifs en Tunisie va devenir une urgence et une préoccupation majeure autant pour les pouvoirs publics, que pour les créanciers et en particulier les organismes financiers.
Une telle structure reprendrait les actifs invendables de toutes les entités économiques et permettrait de se donner du temps pour céder les actifs non liquides, avec plus ou moins de casse.
La société de gestion des actifs existe depuis très longtemps à l'étranger : apparues en Europe à la fin du 19ème siècle et début du 20ème siècle, avec la création de SECURUM en Suède en 1992, de Consortium De Réalisation (CDR) en France en 1995, de la « Swiss National Bank Stabilization Fund » (SNB Stab Fund) en Suisse en 2008 et de la Société de gestion des actifs procédant de la restructuration bancaire (SAREB) en Espagne en 2012.
Il est grand temps que cette forme de société voit le jour en Tunisie.
Amine BEN GAMRA : Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie